Poèmes

par Emmanuelle Duville

☛ Rencontre avec la vie
J'ai rencontré la vie un matin de printemps
J'ai souri à l'oiseau qui siffle sur la branche
J'ai vu les mimosas fleurir sous ma fenêtre
J'ai humé le parfum des bouquets de lavande
J'ai senti le vent chaud caresser mes pommettes

Ma vie elle m'est offerte sans attente sans retour
Se fait corps par le sens de son origine même
Tant d'amour en ce don a lavé le péché
péché originel de la chair de ma chair

Le rythme des saisons a raison de celui
Qui dans mon sang fait vivre l'amour originel
Du torrent tumultueux à l'écume des jours
La vie coule en mes veines au tempo de mes choix

Je suis la partition de mon chemin de vie
Sans bémol à l'armure pour freiner la cadence
Je suis le chef d'orchestre de mon propre opéra
Le chanterai encore à l'hiver de ma vie

La mélodie s'écrit au hasard des rencontres
Rencontre de l'oiseau, du mimosa fleuri
Rencontre avec celui qui m'offrit ce cadeau
En échange de rien En échange de tout
D'un sourire au parfum de son amour pour moi

☛ L'Adieu vers Pâque
S'en est allé Noel avec sa féérie
Ont repris leur chemin les Mages vers d'autres cieux
Je sens en moi le vide des lendemains de fête
Mon coeur est envahi de pénombre... je suis seule...

Ou est passé l'enfant qui tressaillait en moi?
Cet enfant que j'étais au jour de La Nouvelle
Du nouveau né couché dans la paille d'une étable
Roi au milieu des siens et pourtant si fragile...

Je cherche le chemin ... je cherche quelle étoile
Saura me transporter vers la Pâque... vers ma Pâque...
Mais avant il me faut traverser mon désert
Etancher cette soif de connaitre l'Enfant

L'Enfant devenu Père de mon humanité
Je veux tuer en moi les démons qui m'éloignent
De cette transparence d'Amour que je perçois
Dans le miroir de l'âme des repentis d'un jour

Puisse ce jour durer jusqu'au bout de ma Pâque
Pour que le troisième jour de mon enfantement
Je sois lavée de l'eau d'un bapteme nouveau
Pour qu'enfin je sois digne d'être appelée vers lui...

Puisse ce jour durer quarante jours au moins
Pour naitre et reconnaitre mes compagnons de route
Et cheminer ensembles jusques au jour dernier
De l'aube au crépuscule sans détour et sans crainte...

☛ Je voudrais être mâge
Je voudrais être mage et lire dans ton regard
L’étoile qui brille en toi pour me servir de guide
Je voudrais être mage et marcher au hasard
Des détours de ton coeur amant d’une âme avide
Cette âme qui est la mienne...est avide d’aimer...
De t’offrir de la myrrhe ou encore de l’encens
Pour révéler en toi ce qui en moi revêt
Les couleurs d’un bonheur pur et incandescent
De ce feu si ardent qui brule encore en moi
Quand au petit matin je nous lis dans tes yeux
Apercevant l’enfant qui vit au fond de moi
Innocent humble et frêle, fragile et merveilleux
Je voudrais être mage pour révéler l’enfant
Qui en chacun de nous fait briller les étoiles
Pour que l’amour s’écrive jusqu‘à le firmament
Tel un tableau de maitre sur une simple toile
Tu es l’épiphanie de mon amour pour toi
Révélation divine de l’infiniment grand
Seul absolu issu du plus profond de moi
Si fragile et si fort un peu tout en même temps...
Je voudrais être mage chaque jour de ma vie
Suivre l’étoile qui luit dans les coeurs abimés
Constellation humaine révélée par magie
Par un petit enfant dans une mangeoire couché...
Je voudrais être mage, mage au milieu des mages...
Et contempler l’enfant...d’amour emmaillotté...

☛ Une étrange disparition
Au crépuscule de l’an vingt,
S’est envolé à Saint Martin,
Le protégé du sacristain,
le chouchou des Jacques au carré,
Des paroissiens l’admiré,
Vous l’avez tous subodoré,
L’ange quêteur nous a quittés…
Qui de se transformer très vite,
En Sherlock ou autre émérite,
Pour démasquer quel acolyte
Saura se montrer plus malin,
Que le malin lui même …en vain!
Nul n’est malin à Saint Martin!
La crèche a perdu son gardien,
Pour remercier il n’est plus rien,
De ce regard d’enfant qui vient,
Ouvrir nos yeux au nouveau né,
Qui trône dans sa nudité,
Pour nous offrir l’humilité.

☛ La liberté retrouvée
Chère liberté je t’ai perdue Un soir d’annonces un soir de lune Et quand au matin le soleil Derrière le mur s’est embrasé Dans un petit coin de mes rêves Je suis partie me réfugier Hé là reviens! Me souffle t on Voix douce et ferme de l’intérieur Au plus profond du moi intime Serait-ce le brasier de mon coeur? Je suis en guerre contre la guerre Et ses batailles porteuses d’annonces… Ma liberté elle s’est fait mienne Elle m’étreint éternellement Je l’ai gagnée elle est ma force J’ai combattu sans défaillir Au prix d’une lutte acharnée Contre les peurs de mon égo Ma liberté elle est d’aimer Au point de laisser l’être aimé Partir loin de moi sans mot dire Vers un bonheur sans lendemain L’amour parfois a ses secrets Que les secrets ne savent guère Mais dans les profondeurs divines Sont dévoilés tous les secrets Les amours perdues se retrouvent Dans la transparence infinie Loin des annonces et murs de haine Erigés contre toutes les peurs Liberté fragile et furtive Dans mes veines comme le ruisseau Vers l’embouchure tu suis ton lit Jusqu’à l’océan des espoirs Tu es mon sang sans toi je meurs Tu es mon pain d’éternité…

☛ Oui à la vie !
N’ayons pas peur de vivre! Sans aurore n’est de matin, Sans eau vive n’est de rivière, Souffle de vie la douce brise Effleure nos sens en bourgeons. Marée humaine l’heure est venue, De pénétrer dans le tableau Fresque inachevée de nos vies, Peinture sur la frise du temps... Nos corps se fondent dans la gouache, Pinceaux d’un instant tour à tour... Comme une emprunte dans la toile, Notre immortalité voit le jour, D’abord naissante elle enveloppe Nos corps meurtris et nous accouche... Sans douleur... N’ayons pas peur de vivre! Un jour la mort de nos corps, Sera vêtue... Dans le tableau les nudités De nos vies seront l’empreinte... Ne mourons pas de peur de vivre! Pierres vivantes de granit nous sommes! Comme le sommet de la falaise, Se dresse notre humanité... Le grain de sable devenu roche... N’ayons pas peur de vivre de peur de mourir! Brisons la glace de nos solitudes tranchantes, Melons nos voix au chant des grives, Entrons dans la ronde , Voyez comme on danse! Que de joie nos larmes forment les océans! J’entends au firmament que résonnent nos rires, Adieu fragments mortels du puzzle de nos vies!

☛ Les notes de musiques
Légères, sublimes, élégantes,
Les notes dans nos têtes virevoltent,
Les croches sur un pied sautillent,
Nonchalante la ronde longuement s attarde...
Légères, sublimes, élégantes,
Les notes s’habillent d’harmonie,
De fantaisie de folie même
Dans leur tutu de voile elles dansent,
Survolant le miroir de notre intimité...
Légères, sublimes, élégantes,
Les notes s’animent le soir de la première,
Fières de leur farandole elles trépignent d’impatience
Quand le piano leur offre sa ribambelle de touches...
Légères, sublimes, élégantes,
Les notes de musique se bousculent sur l’archer
du violon
Et bientôt les flûtes adoucissent le concerto
De ces frêles danseuses aux robes de lumière...
Légères, sublimes, élégantes,
Les notes de musique  illuminent nos journées et nos nuits
Elles sont le scherzo de notre cœur et la valse de nos désirs
Au matin de nos tourments et au soir de nos
peurs...

☛ Sahara
Sahara...
Ton sable roux caresse nos montagnes blanchies
Balayant les sommets d’un tapis or et ocre
L‘air est tiède lourd humide
Dégageant des parfums de dunes arrondies
Aux formes suaves et chaudes de sourires lointains

Sahara...
Tu nous offres au matin la rose cueillie des sables
Transportant nos esprits vers d’autres horizons
Aux saveurs à la fois piquantes et sucrées
Aux couleurs du soleil brûlant l’immensité
Du désert infini et indéfinissable

Sahara...
J’entends cette chanson aux teintes orangées
Que ton souffle susurre à mes oreilles charmées
Par la chaleur du son enrobé de nougat
De miel d’amandes grillées de douceurs amères
dont je respire l’odeur âpre et suave à la fois

☛ LE ROI DES ROIS
Majestueux, triomphant, le voici l’acclamé!
Prince des hommes d’un jour noyé sous les rameaux,
Qui s’agitent sans cesse jusques au crépuscule,
De ceux qui le haïssent quand la nuit se fait jour.

Roi des hommes on l’acclame il est sauveur du monde,
Roi du ciel il trépasse roué de coups sanglants
Sous le fardeau trop lourd d’épines recouvert
Et le poids des péchés de ses adorateurs...

Il est bien éphémère le sentier de la gloire,
De rameaux recouverts sous un soleil de feu, En
dessous l’on perçoit les pierres du chemin, Roches
étincelantes coupantes et brulantes...

Voici venu le temps de l’humble messager, Celui qui se
blottit au coeur de nos entrailles,
Il s’est fait tout petit pour conquérir nos âmes, L’humilité
de Dieu triomphe sans faire de bruit...

L’acclamé parle en nous un langage sans mot, Et son
amour pour nous résonne d’âge en âge, Il est le roi des
rois au delà des frontières
De nos indifférences en tout temps à jamais...

Majestueux, triomphant, l’amour est acclamé
Quand la mort est vaincue à l’aube du troisième jour, Il a
fallu laver nos péchés dans le sang
De cet agneau vainqueur de notre éternité...