MOT DU CURE / DIMANCHE 19 AVRIL 2020

Frères et soeurs, nous entrons dans la deuxième semaine du temps pascal, le temps de la découverte d’une nouvelle manière deFrères et soeurs, nous entrons dans la deuxième semaine du temps pascal, le temps de la découverte d’une nouvelle manière devivre de la foi, de la présence de Jésus ressuscité. Et déjà les textes de la liturgie nous ont conduits à méditer au matin de Pâques lapremière expérience de la résurrection, celle du tombeau vide avec Marie de Magdala, Pierre et Jean, puis la suite de cetterencontre entre Marie de Magdala et Jésus auprès du tombeau ; la rencontre des pélerins d’Emmaüs dans l’après-midi de cepremier jour de la semaine qui était en train de devenir le « Jour du Seigneur », « Dies Domini », le dimanche , jour de larésurrection. Nous avons pu ensuite découvrir l’ultime rencontre de Jésus et des apôtres racontée dans l’évangile de Jean, celle dubord du lac de Galilée avec ce geste de la pêche miraculeuse qui signait la présence du maître. Ce Dimanche, nous voilà dans larencontre avec Thomas, Thomas l’incrédule, Thomas qui confirme si bien ce que l’évangile de Marc soulignait la veille, l’échecde la confiance entre disciples de Jésus, la difficulté de chacun à accorder crédit au témoignage des autres ! Sans doute larésurrection pour l’église naissante n’est pas simplement la présence du Christ, mais l’apprentissage de cette présence absente, decette absence qui se fait présence à l’intime de chacun qui doit désormais se glisser dans les coeurs pour les changer. Jésus n’avaitilpas eu ces paroles énigmatiques au cours du repas de la Pâque : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.19D'ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. » (Jean (LIT) 14). Je pars,mais je reviens, d’abord tel que j’étais, vous me verrez tel que je suis ressuscité avec mon corps et vous vous réjouirez ! Mais jevais m’éloigner encore, cette fois pour le temps de l’Eglise et ne serai plus visible sinon pour vous qui vivez de mon amour, demon Esprit saint et serez ainsi capable de me voir au milieu de vous, d’accéder à ma présence, dans ma Parole, dans mes gestes( les sacrements), dans l’intimité de la prière et la joie de la communion.

Il est bon pour vous que je m’en aille, car si je m’en vais pas le paraclet, l’Esprit Saint ne viendra pas à vous, en vous, avait-ilencore dit. La présence du Christ ressuscité doit devenir une présence intérieure à chacun de nous. Une présence qui noustransforme et en nous transformant, en nous faisant croire en la seule puissance de transformation et de préservation du monde etde l’humanité qu’est l’Amour de Dieu pour nous, croire que par cet amour répandu en ceux qui l’accueillent nous pouvonschanger ! Ce changement, il est ce qui frappe à la lecture du passage des actes des apôtres de ce dimanche : « Les frères étaientassidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte de Dieu étaitdans tous les coeurs (…) Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurspossessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. Chaque jour, d’un même coeur,ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse etsimplicité de coeur ; ils louaient Dieu ». Fidélité à la prière, esprit de louange et d’action de grâce avec la joie qui va avec ;partage et communion, vie fraternelle ; communauté de biens, souci d’une juste répartition des biens selon les besoins et simplicitéde la vie. Cette vision que l’on peut se dire idéalisée, n’en dit pas moins des éléments incroyables de la transformation chrétienne !La présence de la victoire de l’amour en chacun, transformer la vie et le visage de la communauté humaine. De la méfiance ou dumépris, on passe à la confiance et à l’accueil. De l’individualisme forcené, on entre dans le partage, de la priorité donnée à sespropres biens, on entre dans la justice qui est souci autant du bien de l’autre que du sien propre. De la quête insatiable desrichesses, on entre dans une vie sobre, simple et heureuse !

Que prône aujourd’hui à l’avant-garde de notre histoire, ceux qui voient le monde et l’humanité aller à leur ruine par l’exploitationimmodérée des richesses et le déséquilibre d’un monde dont le moteur est le profit ? Un souci des équilibres humains dans lajustice, une sobriété heureuse qui en diminuant notre consommation de biens permette à la Terre de ne pas s’épuiser sousl’appétit dévorant et sans respect des hommes.Des siècles avant nous les grands philosophes classiques de nos études de philosophie, Platon et Aristote, eux les non-chrétienspuisque précédant l’ère chrétienne de 5 et 4 siècles, avaient, avec une grande clairvoyance , déjà fait le bon diagnostic. C’est ladémesure des désirs humains, leur refus de se laisser mesurer qui conduit les sociétés humaines à leur ruine. Platon dans laRépublique avait dit déjà que « se laisser aller à l’accroissement illimité de leur richesse en débordant la borne assignée par lesnécessités » était « la principale source des maux privés ou publics dont souffrent les sociétés humaines » et Aristote en parlant del’économie avait clairement distingué et séparé l’économie familiale et politique qui a comme but de rendre disponibles auxindividus et à la collectivité les richesses « nécessaires à la vie et utiles à la communauté politique ou familiale » et l’économieliée à l’existence de la monnaie qui tout en facilitant les échanges commerciaux, présentait le danger de développer un commerceanimé par la seule quête sans limite de profit, une économie déconnectée des besoins réels et du souci de l’humain. Une tellevision est frappante, car nous le voyons bien, la crise sanitaire actuelle nous a remis en mémoire les politiques de délocalisationmassive de l’industrie de nos pays européens vers des pays où la main d’oeuvre est juste moins chère et ceci en vue de plus deprofit. Cette crise risque de montrer une grande différence entre les pays quant à la capacité de répondre à une épidémie de cetteampleur à cause des situations de pauvreté entretenues ou provoquées par des politiques locales et internationales irresponsables,incapables de réellement faire progresser l’ensemble de la population, dans toutes les couches sociales.Le message de la résurrection en ce temps pascal est dans la vision d’une société de justice, de partage, de souci les uns desautres, qui trouve dans la foi en Dieu sa source. Si la foi et la prière doivent demeurer des choix libres, prions pour que noussachions par notre témoignage au sein de toutes les communautés auxquelles nous appartenons, donner cet élan de justice, derespect, de partage. Montrons à l’opposé de la maxime de Qohélet, que tout n’est pas Vanité, témoignons qu’il y a du nouveausous le soleil ! Que nous possédons des anticorps pour nous défendre contre le virus de l’inhumanité qui se laisse apercevoir dansl’importance de l’apparence, du pouvoir et de l’argent qui continue à vouloir mener le monde, le nôtre et celui de nos enfants. Al’invitation de notre Pape François vendredi dernier : « Trouvons les anticorps nécessaires de la justice, de la charité et de lasolidarité! ». Comme pour cette épidémie, c’est à chacun de nous d’en guérir pour ne plus contaminer les autres