MOT DU CURE POUR LA PAQUES ET LA PREMIER SEMAINE DE PÄQUES

Frères et sœurs, nous voici au terme du temps de carême encore étourdis par la célébration de pâques ! une célébration qui nous ramène aux origines de l’Eglise dans ses 3 premiers siècles, ou elle a vécu et s’est développée sans églises, sans grand rassemblement, mais s’est tissé dans les cœurs de chacun et au sein des maisons, des foyers. L’Eglise a vécu confiné plus de 300 ans. S’est elle ainsi perdue ! Pas du tout, ne pouvant s’élever dans des cultes magnifiques, des constructions édifiantes, une visibilité de chaque instant, elle a pris racine dans les individus, dans leur chair, leur quotidien. Elle s’est faite conviction personnelle, engagement et persévérance dans la foi, malgré tout. Elle a pris racine au lieu de s’élever tout droit vers le ciel sans assise. Elle a habité l’humble quotidien des chrétiens, sans bruit, sans démonstrations ostentatoires. Elle s’est consolidée dans les âmes, a épousé l’identité de sa mission, celle du levain caché dans la pâte. Elle n’est devenue visible qu’au bout de ce long hiver ou ce long temps de semailles où elle a posé ses bases. Et des bases elle n’en a pas d’autre que la foi de chaque chrétien. Les colonnes de l’Eglise  ce sont les croyants, à chaque croyant une nouvelle colonne. Ce carême a été une forme de retour à ce temps,  nous avons vécu un carême dans le secret de nos maisons et par là c’est renouvelé l’expérience de la première Eglise. Nous avons vécu la Parole qui ouvre chaque année ce temps de conversion, nous sommes entrés dans le secret de nos foyers, pour y réapprendre à retrouver le Père dans notre chambre intérieure, celle que nous rejoignons quand nous  faisons silence et nous mettons en sa présence. Cela ne fait pas de cette situation de souffrance une bénédiction de Dieu, ce serait si inhumain de penser ou de dire cela ! mais cette situation nous a contraint à une manière de vivre notre foi qui nous ramène aux racines de la foi.

C’est dans ce contexte que nous avons vécu notre carême comme ce qu’il est, une grande intercession pour les hommes et le monde. Car la foi chrétienne, ne commence pas comme les prophéties des faux prophètes qui disent que tout va très bien ! Elle commence quand on se laisse toucher par la joie de l’autre mais aussi par ses larmes. Si les larmes du monde peuvent nous paraître certaines années lointaines à nous qui pouvons avoir et c’est tant mieux une vie sans faim, sans violence, sans trop grande injustice. Cette année elles étaient les nôtres ou toutes proches, la porte du voisin qui est médecin, la rue d’après où quelqu’un est mort, l’Epahd où je connais des anciens. La prière en a pris un réalisme plus grand. Elle était nécessaire pour garder l’espérance et on s’est remis à croire qu’elle pouvait apporter aux autres. Et on s’est mis à oser ajouter notre bonne volonté à celle des autres, et on s’est mis à croire qu’effectivement un fleuve est composée de gouttes d’eau mais que de goutte d’eau en goutte d’eau, le ruisseau ce fait rivière, la rivière large fleuve et le fleuve Océan ! Et de partout on s’est mis à associer nos gouttes de bonnes volontés pour faire un fleuve de soutien.

C’est dans ce contexte que nous avons vécu la Pâques ! Là encore un passage de la mort à la vie qui d’un coup nous parlait avec émotion. Comment ne pas lire la résurrection à la lumière de ce que nous vivons. Nous attendons une résurrection. Elle a commencé à s’éveiller dans les cœurs par la prière plus personnelle, par les gestes multiples de solidarité, un atelier masque improvisé dans une cuisine, l’héroïsme désarmant de jeunes infirmières heureuses d’aller dans une autre région soutenir leurs collègues submergés !

La vie est là, elle se réveille, elle est déjà vainqueur dans sa ténacité non pas à survivre mais à partager, se soutenir. La Vigile de Pâques a célébré cet éveil et cette victoire annoncée.

Et nous voici ce matin du mardi de pâques appelé à rester encore dans nos foyers, pour au moins un mois si ce n’est plus. Alors comment vivre de la résurrection quand il semble que nous devons encore rester au tombeau, cachés en attendant de pouvoir éclater de joie pour fêter la victoire de la vie ?

En rendant grâce pour tous les bourgeons de vie et d’amour vrai simple, que cette situation a suscité. Nous sommes depuis un mois et pour encore plusieurs semaines sans doute, dans une Pâques, un passage. Nous vivons la Pâques sans nous en rendre compte au quotidien. Passons ensemble en portant l’inhumanité de la maladie ,  de l’isolement, de la mort dans une espérance de vie qui nous vient de la passion du Christ. Rendons grâce pour tous les bourgeons qui apparaissent, rendons grâce pour la vie ! J’ai été frappé par de nombreux messages qui n’étaient pas nécessairement religieux , mais qui disaient « la Vie est belle ! Prenons soin de la Vie ! ». Quelle belle profession de foi universelle et tellement proche de notre foi pascale ! je nous invite à faire de tout le temps pascal, de chaque jour, un chant de louange à la Vie, une prière d’action de grâce pour la vie, afin que ne s’efface plus de nos pensées et de nos cœurs, que la Vie est notre bien le plus précieux, un bien commun à tous les hommes et tous les vivants. Aimons, vivons, préservons la Vie !