Mascaronade

Mascaron, tu trônes au dessus des portes de nos demeures Bordelaises

Afin d’exorciser et repousser les mauvais esprits de la maison.
Mascaron, tu nous rajeunis de vingt siécles par ta naissance mobile au

Theatre Grec, précédée de sept mille ans par des artisans du Néolithique;

Car mascaron, tu n’es pas un masque à ronds ; rond pour les yeux,

Masque pour cacher, masque pour dissimuler, masque pour représenter,

Masque pour imiter, masque pour doubler, masque pour amuser.

Car ton faux visage ne leurre personne,

Pas même la sorcière dont tu proviens,

Pas même la salissure et la tâche noire,

dont tu es né car maska signifie noir.

Tels le jour et la nuit, le blanc succède au noir,

Et de nos jours, nos masques de chirurgiens,

Nous donnent un air de tortue, de grenouille,

Ou de Chiouaoua.

 Bref, le nez dehors ou dedans,

La bouche invisible, telle que parfois les yeux,

Bouche souriante, pincée, béante, en u retourné ou en V ?

Nul ne le saura

Si ce n’est monsieur Coronavirus.

De noir, tu es devenu blanc masqué,

Mais ton apparente pureté dissimule bien des misères :

Anoxiques, Apathiques, Alcooliques, Désoeuvrés, Amorphes, Confinés, Souffrants,

Pire : Morts,

tels des mascarons

Tu nous a rendus.