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L'Eglise Saint Jean-Marie Vianney de Pessac

 

Comment, il y a cinquante ans, a été édifiée notre église Saint Jean-Marie Vianney

L’histoire d’une église, d’un bâtiment, c’est d’abord et avant tout l’histoire d’hommes et de femmes qui ont eu la volonté de constituer, là où ils vivaient,  une communauté. L’histoire de l’église St J.M. Vianney de Pessac n’échappe pas à la règle mais bien peu de ces courageux qui se sont lancés dans une telle aventure sont encore de ce monde pour nous en conter les péripéties. A travers le récit de quelques uns et plus particulièrement de Roger BLANC nous pouvons entrevoir ce que fut l’histoire de cette construction et de ceux qui y ont contribué.

Cette histoire est intimement liée à celle de la cité des Castors toute proche, construite entre 1948 et 1955 et première de ce type en France.

Vers 1938, le chanoine Lillet, alors curé de Saint Martin à Pessac, entreprend ici, la construction d’une chapelle car il y a quelques quatre kilomètres jusqu’au bourg à Pessac. De dimension réduite, elle peut accueillir, tout au plus une quarantaine de fidèles. Premiers habitants de la cité des Castors, nous l’appelions « la chapelle en bois ». L’emplacement de cette chapelle se situait à l’aplomb gauche de la façade de l’église actuelle. Elle s’inscrivait en profondeur sur une quinzaine de mètres. Le dimanche 20 août 1949, au terme des dramatiques incendies de forêt, le père Etienne Damoran, le visage encore noirci par la fumée vint y célébrer la messe. Jusqu’en 1950, le chanoine Lillet et des Assomptionnistes de Mérignac dont le père Rafail, sont venus y célébrer la messe dominicale, quelquefois le dimanche soir pour quelques hommes qui venaient d’achever leur journée de travail sur le chantier voisin de la cité des Castors.

L’étroitesse de cette chapelle fit qu’en certaines occasions, on célébra la veillée de Noël ou la fête de Pâques dans la salle des fêtes du quartier de France (1952). Plusieurs personnes étaient déjà à l’époque impliquées dans l’entretien de la chapelle et l’animation de cette paroisse naissante.

Parmi les nouveaux arrivants du quartier, on dénombrait trois cents adultes de la cité voisine et pas moins de deux cents enfants. Nombre d’entre eux étaient issus de la J.O.C. de la J.O.C.F, des scouts et des patronages sans compter les plus jeunes déjà « Ames vaillantes » et « Cœurs vaillants ».

Peut-être cela les prédestinait il à  entreprendre une telle aventure, mais comment ? Avec quels moyens ?  Avec qui ?  Mais la providence était au coin du bois, elle veillait plutôt, aux abords, dans les vastes terrains qui entouraient la chapelle en bois.

Un prêtre, Charles Gaëtan Dausseur venait d’être nommé curé de Toctoucau et vicaire administrateur du quartier de l’Alouette en 1953. Gaëtan Dausseur est né le 22 mai 1908. Elève au petit et au grand séminaire, il est ordonné prêtre le 29 janvier 1933. Vicaire à Bègles de 1933 à 1940, curé d’Hourtin de 1940 à 1946, aumônier de l’hôpital psychiatrique de Cadillac et curé de Béguey de 1946 à 1953.

Aussitôt nommé, l’abbé Dausseur va aller très vite, il prendra de vitesse un pasteur Anglican qui, on l’a appris, a des visées sur ces terrains.

Ce personnage emblématique ne va pas cesser de bousculer tout ce qui peut entraver ses plans, d’innover et surtout d’organiser des collectes de fonds nécessaires à Bordeaux, dans le département, en France et à l’étranger .  L’abbé Dausseur demandera beaucoup, il recevra des aides, l’avis de conseillers avertis, de techniciens éprouvés, de bien des  manières.

Les premiers travaux diligentés par Mr Courtois, architecte vont commencer très vite.

Qui étaient-ils donc ces gens qui entre 1954 et 1956, venaient, le samedi, le dimanche et également en semaine, « apporter leur pierre » pour couler les fondations et le radier de cette église ?

Qui étaient ils ces courageux qui ont travaillé par tous les temps, à toutes les heures à cette entreprise ?  On y trouvera, à la pelle, à la pioche, à gâcher le ciment et la grave, à charger la bétonnière (« baptisée » sur le chantier de la cité des castors en 1949), à décharger les parpaings, les carreaux, les blocs de pierre de l’autel, les bois de charpente…. des cheminots, des ajusteurs, des menuisiers, des charpentiers, des techniciens, des administratifs, un architecte penché sur ses plans mais qui,  s’il le faut,  chargera lui aussi la bétonnière et également un manœuvre… photographe !

Les uns et les autres apportaient leurs outils. Tous n’étaient pas des paroissiens attitrés, mais tous avaient envie de participer à l’aventure ; certains l’ont dit : « Nous pourrons dire plus tard que nous sommes venus y travailler… lorsque nos enfants viendront s’y marier ».

Au mois de Janvier 1955, en présence du Cardinal Richaud, on dépose une modeste pierre renfermant l’acte de fondation sur la  dalle, à l’endroit de la chapelle de la Vierge. Plus tard elle sera placée sous le tabernacle où on peut toujours la voir.

Alors que l’église est toujours en construction et après une souscription importante marquée par la vente de petites clochettes, trois cloches seront achetées et baptisées au mois de mai.

Elles avaient pour nom Saint Louis (la justice), Saint PIE X (la paix), et Saint Vincent de Paul (la charité). Elles seront installées sur le mur du fond de l’église et y resteront jusqu’à ce que leur chant puissant et répété menace sa solidité et aussi, pour la petite histoire,  la patience de quelques voisins.

La construction de l’église, du presbytère et  des salles est achevée en 1956 et l’église officiellement consacrée par Monseigneur Richaud le lundi de Pentecôte de cette même année. Le territoire occupé par ces bâtiments est érigé en paroisse en 1958.

Dans le même temps, d’autres ont commencé à faire vivre l’Eglise de demain. Une mention de reconnaissance va à toutes celles qui seront les premières catéchistes, à ceux qui collaboreront au premier bulletin paroissial, hommes de  tous bords qui viendront y travailler ; ils en parleront à d’autres qui ne voudront pas demeurer sur le bord du chemin.

L’histoire de cette église et de sa construction est intimement liée à l’histoire de la construction du quartier lui-même ; beaucoup de ces bénévoles qui ont participé à cette aventure se retrouveront plus tard dans d’autres aventures associatives  locales et ne seront ainsi plus des étrangers.

Nous pourrions citer les noms des ouvriers du chantier ou des réunions qui l’accompagnaient, mais ne manquerions nous pas d’en oublier quelques uns venus seulement, un jour, donner un coup de main ? Nous voulons dans l’anonymat honorer aussi, ces ouvriers silencieux de la dernière heure car ils y ont cru, et tous bénévolement !

Un mot de reconnaissance va aussi à tous les prêtres, aux religieuses et aux laïcs qui ici, se sont succédés pour la vie de l’Eglise. A l’exemple de la maison où, autour d’une même table, se rassemblent chaque jour les anciens et les jeunes, il y a cinquante ans, des prêtres et des laïcs ont eu l’audace de croire à la construction de cette église pour accueillir et rassembler les habitants de ce quartier et de ceux de demain ! Vous-mêmes…

Une mission d’avenir et d’espérance

Tous ceux qui ont contribué à leur façon, avec leurs moyens, si faibles soient-ils, à l’édification de cette église, lieu de rassemblement, d’écoute de l’évangile, de la consécration et du partage du pain, ont mérité d’être honorés et de recevoir la reconnaissance de tous ceux qui s’y retrouvent et qui pourront s’y retrouver plus tard. Grâce à eux se poursuit la construction d’une Eglise vivante où la Parole continue d’accompagner notre vie et nos actions de chaque jour.

L'histoire de la construction de l’église Saint Jean Marie Vianney de Pessac et la vie ecclésiale qui s’est développée autour sont profondément marquées par la participation de chacun ; pour que cette histoire continue à porter des fruits, tous ces bâtisseurs anonymes nous rappellent que c’est ce chemin qu’il nous faut suivre et mettre nos pas dans les leurs. Le récit de la consécration de l’église dans le bulletin paroissial de juillet 1956 se terminait par cette phrase que s’appropriaient les bâtisseurs de l’époque : « nous avons construit un monument plus durable que l’airain » il n’appartient qu’à nous chrétiens d’aujourd’hui et de demain de nous en montrer les dignes héritiers.