La lettre du secteur pastoral de Pessac, 25 février 2016

Temps de Carême et du Jubilé de la Miséricorde

Un cycle de 4 conférences- partage, à St Jean-Marie Vianney, 19h

Conférence du père Christian Alexandre, 12 février 2016

(notes personnelles de Jacques Da Rold)

Dieu ? Nous n’avons pas tous (au niveau de l’humanité et dans le cours de l’histoire) la même conception de Dieu !

Jésus a complètement changé la vision de Dieu, une vision qui se révèle progressivement.

Aux origines, une multitude de divinités, les « forces obscures » ont pris de la consistance… certaines sociétés ont vénéré les ancêtres … puis les juifs ont refusé progressivement les autres divinités pour se tourner vers un seul Dieu, leur Dieu : celui d’Israël. L’exil à Babylone fut pour eux une crise grave et hors du pays, Dieu fut le lien.

1- Dieu, le tout-puissant, « le Très-Haut », Dieu qui nous dépasse

Moïse demande : Dieu, Yahvé, qui es- tu ?

- je suis celui qui suis (en grec),

- je suis qui je serai (Bible de Jérusalem),

- je suis là avec toi, Dieu nous est proche

2- l’Incarnation, le second tournant.

Jésus qui va vivre notre vie et sera crucifié : un « tout- puissant » qui se fait « petit », un Christ pauvre et non un « Dieu magicien » : difficile à assumer depuis 20 siècles ! l’Eglise va parfois essayer de reprendre le pouvoir.

3- le scandale de la Croix, un Dieu qui souffre.

C’est là le véritable visage de l’Amour de Dieu, mais pourquoi fallait- il qu’il meure ?

La voie vers Dieu c’est de descendre et non de monter et c’est pour cela que Jésus est descendu le plus bas possible… dans la rencontre avec les pauvres, les rejetés… un Dieu qui renonce pour aller au plus près de la nature humaine. C’est le sens du Carême : se dépouiller de tout ce qui nous encombre.

Paul nous parle de Jésus comme étant le « nouvel Adam », Jésus n’a pas voulu prendre le pouvoir ; il a voulu renoncer au pouvoir jusqu’à s’abaisser en lavant les pieds de ses disciples.

D’un Dieu tout-puissant à un Dieu au service des hommes : le chemin pour les hommes !

Un Dieu tout Amour qui prend le chemin de la Croix ne se contente pas de discours, alors qu’on lui demandait simplement d’être juste, de récompenser les bons et de condamner les mauvais. Or le Dieu Amour ne nous récompense pas ; il veut un amour inconditionnel où il n’y a rien à gagner.

Ainsi dans la prière on n’a rien à demander, on va dans la direction de Dieu pour être « heureux » (cf. les Béatitudes). Dieu est le chemin du bonheur, en toutes circonstances.

On s’identifie souvent au fils prodigue de la parabole alors qu’il faudrait peut-être plus s’identifier au fils aîné, celui qui est jaloux et ne s’aperçoit pas de sa chance d’être constamment à côté de son père. Il conviendrait de retrouver le plaisir d’être dans la mouvance d’un père, de vivre notre Foi avec plaisir ; cela passe par le service de l’autre.

Etre au service quelle que soit notre position … comme Dieu, « le Très-Bas ».

Nous sommes ainsi devant un choix :

- le Dieu que l’on imaginait tout puissant, « le Très-Haut »

- le Dieu chrétien qui demande que l’on suive l’exemple de Jésus : le « Très-Bas ».

Et, notre Dieu est trinitaire :

- Dieu est amour avec son père,

- l’amour de Jésus et du père avec le « souffle » du Saint-Esprit, car on ne peut être amour seul.

Notre Dieu est ainsi un Dieu particulier nul semblable aux autres :

- ni le Dieu parfait de Platon

- ni celui des musulmans …ou d’autres religions.

Notre Dieu est ainsi un Dieu qui bouge, un Dieu avec un mouvement qui nous entraîne en une ronde et qui invite les autres à venir avec nous.

Dans ce temps du Carême, il faut laisser de la place à Dieu, laisser Dieu rentrer en nous.

C’est cela le message de la Miséricorde de Dieu en ce temps du Carême : je suis là avec toi, à tes côtés, un Dieu juste qui nous justifie.