Secteur pastoral de Pessac (Eglise Catholique en Gironde) et Débat National

Le secteur pastoral de Pessac, à l’appel des évêques de France et de Mgr Ricard s’est résolument et sereinement engagé dans la réflexion sur les causes du malaise social actuel et propose des pistes d’actions pour avoir des raisons d’espérer.

Ainsi, au delà et en complément des rencontres au sein des mouvements une soirée de partage, ouverte à tous, croyants ou non, était organisée ce 4 mars, salle de la Fraternité

De 70 à 80 personnes ont participé à cette rencontre dans un dialogue constructif animé par Jean-Alain Pigearias et le père Frédéric-Marie, à partir des 5 questions proposées par la Conférence des Evêques de France.

Les causes du malaise actuel furent ainsi recherchées tout à la fois dans l’augmentation de la précarité pour beaucoup et particulièrement grave pour les plus pauvres, les « sans droits » ou les chômeurs, dans la montée des individualismes et des injustices fiscales, d’un manque d’écoute de la part des « politiques ». Cette inquiétude est accentués par l’impression d’absence de « sens du politique », l’oubli de la notion du Bien Commun et une grande méconnaissance du fonctionnement des institutions tant est complexe notre organisation entre l’Europe, l’Etat et les différentes collectivités. La plupart de ces institutions semblent lointaines et, sauf pour le niveau local, communal et départemental, bien peu de personnes connaissent leurs élus et peuvent ainsi avoir des contacts directs avec ceux-ci. Cette crise démocratique n’est cependant pas considérée comme une fatalité.

Les exemples d’actions engagées au niveau local sur Pessac présentées par Jacques Da Rold montrèrent l’implication active et historique de la Ville et du tissu associatif depuis de nombreuses années dans la démocratie participative avec notamment des citoyens tirés au sort, des budgets participatifs, des rencontres et débats au niveau des secteurs et des quartiers et des partenariats réguliers avec les associations caritatives, sportives ou des quartiers. Ainsi parmi les « corps intermédiaires » tant dénigrés, il fut convenu de la nécessité de restaurer la confiance avec le niveau communal, le maire et les élus locaux ainsi qu’avec le tissu associatif qu’il convient de soutenir avec son réseau de bénévoles si important pour assurer le lien social, la médiation de proximité, l’accompagnement de ceux qui sont à l’écart du système… et créer des lieux de convivialité. Développer la convivialité sous toutes ses formes, des repas de voisins, fêtes de quartiers, jardins partagés, au sein des épiceries ou friperies solidaires… est en effet un vecteur qui fut reconnu comme essentiel pour lutter contre l’individualisme et l’isolement, favoriser les relations personnelles face au développement de la dématérialisation des relations administratives ou des réseaux dits « sociaux ».

Des raisons d’espérer furent également évoquées à partir des propositions de la doctrine sociale de l’Eglise présentées par le père Francis et des fréquents rappels de notre pape François sur la recherche du Bien Commun pour notre planète, notre Maison Commune, et également pour chaque homme, avec une attention privilégiée pour les plus démunis.

Il est ainsi ressorti de nos échanges que l’Etat devait être au service du Bien Commun pour garantir les droits de chacun et surtout des plus précaires, revaloriser la dignité du travail et du bénévolat, faire confiance à la jeunesse… être à l’écoute de tous et notamment de ceux qui demeurent « sans voix », le « cri des pauvres ».

Ainsi ces temps de partage auront été riches de nos différences, exemplaires, bien loin des violences et de la haine de l’autre, pour poursuivre dans la voie d’un dialogue qui aide à retrouver « le sens du politique » pour, selon les mots du pape François, accueillir, protéger, promouvoir et intégrer.

Nos interpellations, questionnements et propositions face à la crise actuelle que traverse notre pays peuvent se résumer comme suit :

- Les causes de cette situation :

    • Le pouvoir de l’argent et la place de celui-ci dans notre société dominée par les « pouvoirs de la finance »

    • La précarité qui augmente et devient encore plus insupportable pour ceux qui sont déjà en marge de la société : chômeurs, travailleurs précaires (un travail ne garantissant plus une vie « décente ») , immigrés, femmes seules avec enfants, retraités à faible ou sans pension…. et l’augmentation des écarts entre « riches et pauvres »

    • Pouvoir d’achat en baisse pour la plupart des familles y compris les classes moyennes, les retraités…

    • Sentiment d’injustice fiscale (CSG, taxes, impôts)

    • Manque de sens de l’action politique ou incompréhension du sens de celle-ci

    • Méconnaissance du fonctionnement politique, son manque de lisibilité (sans informations objectives)

    • Sentiment d’arrogance de certains corps intermédiaires (avec les privilèges de certains hommes politiques, les maladresses verbales)

    • Déconnexion des réalités vécues et non représentativité des partis politiques, sentiment de mépris et d’absence d’écoute de leur part.

    • Difficultés de nombreuses personnes pour s’adapter à certains changements de la société avec notamment la dématérialisation accrue des formalités administratives (ou de la vie quotidienne)

    • Suppression de services publics tel que la Poste.

    • Fractures spatiales (Ville/campagne et centres villes/banlieues)

Pour faire face à cette situation :

  • Permettre aux citoyens de se sentir partie prenante des décisions politiques, avec des lieux et corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation :

    • Revalorisation du pouvoir communal et de la fonction du maire

    • Favoriser le développement des associations et l’écoute de leurs avis, de leurs propositions et leur redonner une vraie place à tous niveaux

    • Valoriser les bénévoles qui sont importants dans toutes les associations

    • Favoriser l’implication des syndicats dans le dialogue social

    • Améliorer l’information à tous les niveaux, par des moyens adaptés à toutes les populations (et âges) : information sur les actions engagées, sur les droits de chacun et notamment des chômeurs (avec une adaptation à chaque personne)

    • Développer la pratique de l’information par les élus (de tous niveaux y compris européen) de rendre compte de leurs actions prés des habitants par des débats locaux

    • Développer la pratique de débats locaux sur des thèmes du quotidien des habitants

    • Veiller à l’intégrité des partis politiques

    • Améliorer les conditions de vote (vote obligatoire?, prise en compte des votes blancs, pétitions citoyennes à débattre au Parlement… et respecter le vote des citoyens

    • Obtenir des réponses lorsque l’on pose des questions aux élus

    • Développer les pratiques de tirage au sort de citoyens désireux de prendre part aux décisions

    • Réformer le Conseil Economique Social et Environnemental et en renforcer les attributions

    • Réduire les échelons intermédiaires (le mille-feuilles institutionnel)

    • Favoriser l’émergence d’actions de médiation

    • Limiter la fracture numérique (appui individualisés, ordinateurs en libre service, formations...)

    • Former à tous les niveaux de l’Education (de la maternelle à l’université) à la citoyenneté, au discernement et au sens critique

Et quelles sont nos raisons d’espérer et propositions dans la recherche du Bien Commun ?

  • Lutter contre l’individualisme et favoriser tout ce qui crée du lien direct, de la convivialité (non commerciale) entre personnes : jardins partagés, fêtes des voisins, de quartiers, …et éviter le « tout numérique »

  • Favoriser le tissu associatif de proximité et l’implication des bénévoles dans l’esprit du Bien Commun

  • Limiter les inégalités de revenus et de ressources et développer la solidarité et notre système social (sécurité sociale, retraites, revenu minimum…)

  • Donner la priorité à l’écologie, à la santé, à l’alimentation de qualité (circuits courts, épiceries solidaires, jardins partagés) et donner l’exemple : une « Eglise verte », en chacun de nos foyers

  • Avoir du respect pour tous dans le travail, dans la vie sociale, dans toutes relations humaines et au sein de nos communautés

  • Favoriser l’intégration des plus précaires par le développement d’entreprises d’insertion, le bénévolat dans des associations (reconnaître les talents et capacités de chacun)

  • Intégrer dans les services publics (et leur maintien) l’esprit du Bien Commun

  • Faire confiance aux jeunes, être davantage à leur écoute (valable pour chacun de nous)

  • Un Bien Commun au niveau de la Terre, notre planète, notre Maison Commune dans l’esprit et la mise en œuvre de l’exhortation apostolique « Laudato Si’» du pape François et de la doctrine sociale de notre Eglise.

Secteur pastoral de Pessac,
(Eglise catholique en Gironde)

2 rue des poilus, Pessac, 33600
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L’équipe d’animation de la rencontre du 4 mars 2019